Logo ACFCAM
Centre Technique de la Forêt Communale Cameroun

Présentation du projet REDD+

Présentation du projet REDD+

Contexte et problématique

Les conséquences du phénomène des changements climatiques dans le monde ont amené la communauté internationale à mettre sur pied le mécanisme REDD+  (Réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des Forêts) pour atténuer l´ampleur des catastrophes naturelles dues au réchauffement de la Terre. Ce mécanisme consiste principalement à encourager les pays à conserver, planter et gérer de manière durable leurs écosystèmes forestiers contre des rétributions financières et des appuis multiformes.

Le Cameroun dans sa vision de développement a opté pour une gestion durable de ses ressources naturelles (confère DSCE et Vision 2035) ; il a donc adhérer sur le plan international au mécanisme REDD+.  Pour la mise en œuvre de ce mécanisme sur le plan national, le Cameroun a premièrement élaborer RIP (Readiness implemation plan) puis par la suite, la RPP (Readiness Proposal Plan). A l´heure actuelle, le Cameroun est résolument engagé dans la mise en œuvre du mécanisme REDD+. Son Plan de Préparation (R-PP) a été approuvé en Février 2013 par le Comité des participants du FCPF et l´élaboration de sa stratégie nationale REDD+ a été officiellement lancée en Juillet 2014. Afin d´élaborer une stratégie REDD+ robuste définissant de façon réaliste les objectifs de réduction de la déforestation et de la dégradation, le Cameroun devrait mieux appréhender les problématiques au niveau sous-national. C´est dans ce sens que le Programme National de Développement Participatif (PNDP), dans sa mission d´appui au développement des collectivités territoriales décentralisées, a initié des projets pilotes REDD+ au niveau communal pour participer à l´élaboration de la stratégie nationale.

A cet effet, le Centre Technique de la Forêt Communale, associé au Bureau d´étude internationale « Ata Marie Group LTD » spécialisé dans les projets de carbones forestiers en Zone tropicale de l´Asie du Sud-Est et en Afrique de l´Ouest ont été identifié par le PNDP pour accompagner le groupement de Communes de Bangangté-Bana-Bangou dans la réalisation d´une étude de faisabilité et la rédaction d´un document descriptif de projets (DDP) REDD+  afin de garantir la gestion durable de la réserve forestière de Bapouh-Bana.

Le projet a été réalisé en fin 2015-mi 2016 par le groupement CTFC / Ata Marie Group LTD, financé par le PNDP dans le cadre du projet C2D (Contrat de désendettement et de développement) et validé par le Comité de pilotage des activités REDD+ au Cameroun.

Synthèse du projet

La réserve forestière de Bapouh-Bana dispose d´une superficie d´environ 4 800 ha. Elle est située dans la Zone Agro-écologique (ZAE) des Hautes Terres, entre les Communes de Bangangté, Bana et Bangou respectivement dans les Départements du Ndé, Hauts-Plateaux et Haut Nkam, de la Région de l´Ouest Cameroun. C´est une réserve classée par Arrêté N° 262 du 29 /07/47, et rétrocédée aux Communes de Bangangté, Bana et Bangou par Décision N° 200/MINFOF/SGIDF/CSRRVS du 21 Août 2012 du Ministère des Forêts et de la Faune. Elle couvre une superficie d’environ 4800 ha.

Autant que le massif forestier qui l´entoure, cette réserve fait face à de nombreuses menaces dues aux activités anthropiques qui ne cessent de s’accentuer avec la croissance démographique.

Une analyse approfondie des différents moteurs, agents et causes de la déforestation et de la dégradation des forêts montre que les pratiques agrosylvopastorales constituent le plus grand moteur de la déforestation et de la dégradation devant le déboisement. Les feux de brousse incontrôlés, les prélèvements de bois (sciage et collecte illégaux) à l´intérieur de la réserve, la collecte de bois-énergie, les déplacements des éleveurs Mbororos à la recherche de pâturage et de points d´eau, les pratiques agropastorales inadaptées telles que les cultures dans le sens contraire aux courbes de niveau, les constructions anarchiques et incontrôlées des habitations viennent compléter le tableau des moteurs.

Les pressions sur les terres agricoles sont de plus en plus fortes et engendrent de fréquents conflits fonciers et agro-pastoraux, dans un contexte où la propriété foncière relève encore plus du domaine coutumier non-écrit. Les surfaces cultivées restent relativement faibles, inférieures à 0,5 ha, de même que les rendements agricoles. Plus de 50% des agriculteurs pratiquent la jachère pour des durées dépassant rarement trois ans.

L´élevage occupe une place prépondérante dans la zone du projet. Les produits forestiers non ligneux (PFNL) constituent une source non négligeable de revenus. Le bois-énergie reste la principale source d´énergie (plus de 90% des chefs de ménages) en tant que bois de chauffage et de cuisson des aliments.

L´économie locale reste basée sur les activités agro-sylvo-pastorales, avec comme activité principale l´agriculture (57%), suivie des petits métiers et du petit commerce. L´âge moyen est situé entre 50 et 70 ans pour plus de 43% des chefs de ménages. Plus de 80% des populations ont fréquenté au moins une classe de l´école primaire.

L’analyse de la dynamique spatio-temporelle sur une période de 28 ans présente un taux de déforestation de 0,56 % par an pour la périphérie de la réserve ; Ce qui représente une perte d’environ 53,42 ha par an. Lorsqu’on considère le massif forestier intercommunal, on a une diminution annuelle de 0,36 % du couvert forestier pendant les 28 dernières années.

A cet effet, pour apporter une réponse aux problèmes identifiés, les consultations auprès des diverses parties prenantes ont permis de collecter les données permettant de ressortir (i) les options stratégiques retenues pour juguler, voir inverser les tendances de conversion des écosystèmes naturels de la zone du projet ; (ii) l’estimation des stocks de carbone par type d’utilisation des terres sur la base de la littérature existante; (iii) l’évaluation sommaire des impacts sociaux et environnementaux du projet ; (iv) les besoins de formation des parties prenantes impliquées dans le projet et (v) un projet de cadre de collaboration intercommunal pour la gestion du projet.

Ledit projet permettra de générer des réductions et des absorptions démissions de GES grâce à l´amélioration de l´utilisation des terres, une intensification durable de l´agricole, la plantation d´arbres (eucalyptus, arbres fruitiers, agroforesterie), les attitudes d´évitement vis-à-vis de l´abattage des arbres, les pratiques agro-sylvo-pastorales respectueuses de l´environnement. Ces actions permettront au projet de préserver en moyenne chaque année, une quantité équivalente de 64.261 tCO2e de GES, et d´une façon globale sur 30 ans, une quantité équivalente nette de 1.927.844 tCO2e de GES jusqu´en 2046.

Le budget pour la première année de mise en œuvre du projet prévue pour Novembre 2017 avec l´appui du PNDP, est évalué à 198 100 000 F CFA. Toutefois, le coût global de mise en œuvre du projet est évalué à 3.783.000.000 F CFA (soit 2.233.560.000 F CFA sur les 5 premières années, et 151.320.000 F CFA sur les 25 dernières années).

Pour ce qui est des revenus du projet, ils sont évalués au total à 8.731.350.311 F CFA sur 30 ans, provenant d´une part des revenus de la vente des crédits carbone qui se chiffre à 2 861 925 311 F CFA (1 907 950 VCUs (tCO2e) sur 30 ans, vendus à un prix moyen estimé à $US 500 l´unité), et d´autre part, des revenus issus de l´évaluation économique des recettes des biens et services environnementaux non-carbone estimés à 3.635.865.000 F CFA sur 30 ans.

La durée du projet est prévue pour 30 ans. Il commencera en novembre 2017 et s´achèvera en Octobre 2047. Une première estimation de la déforestation et de la dégradation sera effectuée après 5 ans, soit en 2022 et tous les cinq ans par la suite.

Les projets sont classés par taille selon leur moyenne annuelle des émissions estimée de GES ou absorptions. Selon la norme VCS v3.3, un projet de production ≤ 300 000 tonnes de CO2e réductions annuelles est considéré un « projet », alors qu´un projet de production ≥ 300 000 tonnes de CO2e réductions par an est considéré comme un « grand projet ». Bangangté-Bana-Bangou est classé comme un projet, car ses émissions sont estimées à 64261tCO2e/an.

Le projet sera mis en œuvre par le groupement de Communes Bangangté-Bana-Bangou qui s´inscrit dans une logique de gestion durable de ce patrimoine, qui, non seulement constitue un important levier pour le développement des populations riveraines et locales, mais joue aussi un rôle essentiel de par sa fonction de puits de carbone, sous la coordination d´une équipe de gestion, et sous le contrôle du conseil communal agissant comme conseil d´administration du projet (voir la structure de gouvernance du projet). Le porteur de projet est de ce fait l´intercommunalité de Bangangté-Bana-Bangou.